Le marché suisse des voitures neuves est particulièrement volatil depuis deux ans. Confinements, fermetures de concessionnaires et d’usines et livraisons perturbées par une pénurie de semi-conducteurs ont conduit à une baisse considérable des immatriculations de voitures particulières en 2020 et 2021.
En 2021, 238 342 voitures neuves ont été immatriculées dans le pays, comparé à 311 434 en 2019 avant la pandémie. Et le début de 2022 semble tout sauf prometteur. Le manque de puces et de faisceaux et une pénurie croissante de matières premières sont autant de facteurs aggravants pour le secteur automobile helvétique.
Récemment, la Banque Nationale Suisse (BNS) a revu en hausse ses prévisions pour 2022, prédisant un doublement de l’inflation dû aux goulets d’étranglement dans la production, à la hausse du coût de l’énergie et à la guerre en Ukraine. Avec une inflation à 2,1 % attendue en 2022, les prix des biens de consommation grimpent. Les constructeurs aussi relèvent le prix conseillé et acheter un véhicule neuf en Suisse devient un projet plus onéreux pour les consommateurs.
La motorisation exclusivement à combustion interne commence à perdre de son attrait auprès des consommateurs, qui optent de plus en plus pour des véhicules électriques, notamment hybrides plug-in. Les véhicules électriques à batterie et hybrides plug-in se sont arrogé 25 % du marché du neuf au premier trimestre 2022. Quant aux utilitaires légers, les immatriculations sont en baisse, sauf pour les camping-cars.
Un marché de l’occasion instable
Le marché suisse de la voiture d’occasion montre également des signes d’instabilité. La tendance haussière des 18 derniers mois a marqué le pas en 2022 : le nombre de véhicules à changer de mains chute nettement. Sans réelle surprise, la baisse des immatriculations et la pénurie de voitures neuves se répercutant aujourd’hui sur le segment de l’occasion.
« Les volumes proposés à la vente se sont stabilisés ces deux derniers mois mais le marché de l’occasion reste caractérisé par une offre trop faible et une demande stable, dit Hans-Peter Annen, responsable évaluations et insights à Eurotax Suisse. »
Un examen plus approfondi révèle que si les voitures essence et diesel d’occasion dominent toujours, leur part de marché diminue continûment avec la popularité croissante des électriques. Les motorisations électrifiées, notamment semi-hybrides, représentent dorénavant plus de 8 % des transactions. Les utilitaires légers d’occasion ont résisté à la crise en 2020 et 2021, ce qui s’est confirmé au premier trimestre 2022. Dans l’ensemble, le volume des approvisionnements est aujourd’hui stabilisé, pour les voitures de tourisme comme pour les utilitaires légers.
Hausse des prix de valeur résiduelle
Côté valeur résiduelle (VR), la demande est stable bien que l’offre soit toujours tendue. Les longs délais de livraison, la situation géopolitique en Ukraine et la crise des semi-conducteurs se traduisent par moins de voitures mises sur le marché.
Les prix vendeur ont connu une forte hausse, surtout au second semestre 2021, et sont à +14 % par rapport à février 2020. Les véhicules plus anciens, de 4 à 5 ans, de même que les voitures diesel et essence, ont vu une hausse marquée des prix.
« Avec des immatriculations de voitures neuves qui resteront bien moins nombreuses qu’avant la crise, il n’y aura pas d’évolution rapide des paramètres de marché, avec pour résultat d’autres augmentations des prix vendeur cette année, a ajouté Annen. »
Les analystes Autovista prédisent une augmentation des prix VR pour tous les types de carburant d’ici la fin 2022. Pour les véhicules de 36 mois, on attend une augmentation d’environ 6,5 % sur un an. À plus long terme, les VR baisseront probablement légèrement en 2023, malgré une hausse à court terme marquée sur les essence et les diesel.
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